Découvre l'internat (with Gunther).

Un magazine dans une main, une canette de soda dans l’autre, l’adolescent patientait dans un hall extraordinairement calme. Habituel point de passage des élèves lors des interclasses, les lieux résonnaient en général une cacophonie permanente qui laissait Gunther dans un état exécrable. Néanmoins, aujourd’hui, les cours n’étaient pas assurés en raison d’une grève ce qui expliquait aussi pourquoi le secrétariat avait été déserté. Le silence régnait en maître ici, uniquement perturbé par le froissement des feuilles que provoquait le passage d’une page à l’autre. Le jeune homme, pareille à une sentinelle, attendait une nouvelle élève qu’il se devait d’accueillir en sa qualité de délégué et à cause de conditions exceptionnelles qu’imposait la grève. Bien vite, la nouvelle arrivante fît son apparition. Coiffé d’une tresse, maquillée avec soin, elle apparût et se dirigea en direction d’un canapé. Le lycéen avait été pris au dépourvu, il ne l’attendait que dans quinze minutes et déploya de grands efforts pour soustraire à sa vue son magazine où figurait des photos de charme. Finalement, l’adolescent se contenta de les dissimuler dans son dos, en faisant attention à faire le moins de bruit possible. La nouvelle ne semblait pas encore l’avoir remarqué, une chance que la banquette où il siégeait soit située entre le distributeur de boissons et une fontaine à eau. Au moment où la jeune fille se lança dans la contemplation des fenêtres bigarrées du bâtiment, Gunther en profita pour se débarrasser de sa cannette en avalant cul-sec les derniers centilitres. D’un geste désinvolte, il envoya le cylindre métallique choir dans la poubelle la plus proche, réajusta la cravate rouge qui composait son costume noir ce matin là afin de se donner une certaine contenance et s’approcha délicatement de son hôte. Son magazine, toujours caché dans son dos, l’obligeant à prendre une pose ampoulée qui n’était pas naturelle :

-Je suis là, veuillez excuser mon retard ! Je suis chargé de vous donner les informations que vous désirez et de vous accompagner jusque votre dortoir.

- Je suis là, veuillez excuser mon retard ! Je suis chargé de vous donner les informations que vous désirez et de vous accompagner jusque votre dortoir.

Elisabeth sursauta et émit un petit cri de surprise. Elle se retourna et remarqua un garçon qui l'accueillait d'une manière très étrange. Avait-il mal au dos ? L'air impassible et dans la lune, elle ria en son fort intérieur. Ce garçon l'attendait apparemment. Il portait une cravate rouge qui allait fort bien avec son teint, Lisbeth s'en fit la remarque d'ailleurs. Elle souleva doucement sa robe moulante et fit une révérence digne de la jeune fille de bonne famille qu'elle est. Elle le regarda de haut en bas et esquissa un sourire satisfait.

- Eh bien je ne pensais pas à être attendue, j'espère que mon père ne vous paye pas pour m'accueillir.

Avait-elle dit sur un ton agacé. Elle alla alors près du canapé, saisit ses valises, les souleva pour rejoindre le garçon. Elle reposa ses valises à terre et fixa le jeune homme dans les yeux. Puis elle lâcha les valises et se redressa convenablement. Elle passa sa main droite dans les cheveux pour les remettre une nouvelle fois correctement. Lisbeth pensait que ce monde l'accepterai que pour son apparence. Non pas pour la beauté, mais disons que les gens en général s'arrêtent aux apparences et ne vont pas plus loin. Alors autant être présentable. Elle soupira longuement et regarda son interlocuteur.

- Ce qui serait fort dommage, un beau garçon comme vous se faire payer, c'est bien ridicule !

De la drague ? Bah Elisabeth draguait toujours mais là, ce n'est pas pour aller bien loin. Elle est fatiguée, elle a bien envie de prendre une bonne douche. C'est ce qu'elle compte faire dans la soirée. Un bon bain ou une bonne douche bien chaude. Ah ! Elle en frémit d'avance ! Elle finit par rire doucement et puis elle lui dit sur un ton amusé.

- Rassurez vous, je blaguais.

Étais-ce pour le rassurer ? Il devait déjà avoir mal prit les deux premières phrases qu'elle venait de dire. Charmante, Lisbeth, tu es charmante et casse brouette comme dirait l'autre ! Avait-il mal prit la chose ? Elle n'en savait rien et ne s'en préoccupait pas vraiment. Elle se contenta de poser ses longs et fins petits doigts sur ses lèvres afin de rire discrètement.