Organisation de la fête du 15 février

Gunther Von Schröder avait écopé d'une tâche plutôt ingrate en raison de son statut de délégué de classe. En effet, l'administration lui avait libéré une après-midi pour qu'il achète les boissons qui seraient distribuées à la fête du 15 février. Une sorte de bal masqué auquel il était convié et chargé en partie de son bon déroulement. A sa grande surprise et à en juger par la liste qu’il tenait en main, il put constater qu’il devait acheter des boissons alcoolisées. Ce devait être encore un coup de la sous-directrice, connue pour avoir pour seule et unique règle : la transgression des autres règles. Il changea donc de trottoir et s’arrêta devant le premier magasin qui en fournissait, en l’occurrence un magasin spécialisé. L’enseigne était austère avec une plaque ternie qui indiquait « Alco-Land ». Franchissant la porte d’entrée dans un grincement aigue, il s’immisça dans une atmosphère écœurante et lourde. Un modeste bar proposait aux ivrognes une place confortable pour combler leur éternel manque alors les quatre murs qui les enserraient, pourvues de longues étagères, arboraient un choix éclectique de bouteilles. L’adolescent réajusta son écharpe au niveau de son nez afin de soulager son odorat et espéra dans son fort intérieur que la barman ne serait pas trop regardant sur son âge. Il s’avança d’un pas décidé, esquiva avec désinvolture et une pointe de dégoûts la déchéance humain qui siégeait ça et là pour se trouer devant le comptoir sur lequel il s’accouda.

-S’il vous plaît, monsieur… Quatre bouteilles de celles là, deux de celle-ci et…

Lorsqu’il eut finit d’énoncer les différentes boissons qu’il comptait emporter, la porte s’ouvrit ne nouvelle fois sur une personne qui ne semblait pas plus majeure que lui.

Elle se devait de faire quelques courses. Aujourd'hui, en plein après-midi. Après tout, pourquoi allé en cours lorsque l'envie n'y est pas? Elle n'avait pas manquer beaucoup de cours depuis le début de son année, mais rien ne l'empêchait de le faire. Après tout, ça lui passait bien dix pieds par dessus la tête, ça, de ne pas allé toute une après-midi à ses cours. Elle aurait très bien pu rester dans le pensionnat, mais qui diable souhaiterait y être lorsque l'extérieur vous alléchait de la sorte? Elle se changea ainsi pour être plus confortable, soit un t-shirt noir plutôt serré, une paire de jeans ainsi qu'une veste dans les mêmes teintes que son haut. Des écritures japonaises étaient inscrites sur le dos de la veste, et à l'avant du t-shirt. Une phrase pas très polie, mais en même temps, elle n'était pas plus sociable, alors façon d'en éloigner les gens?

Elle enfila donc ses bottes avec un léger talon ainsi que son manteau et un foulard. Elle sortit donc vêtue de cette façon, cherchant bien quel genre de course elle se devait d'aller faire. Oui, aller faire les courses n'étaient qu'un prétexte pour sortir à l'extérieur!

Elle déambulait dans les rues, lentement, observant les choses autour d'elle. Elle passa devant un magasin... Alco-Land... Tiens, et pourquoi pas une bouteille alcoolisée? Il n'y aurait sans doute pas de mal là, si elle ne la buvait pas d'un seul coup. Ce magasin semblait d'ailleurs réputé pour ne pas regarder l'âge; elle voyait bon nombre de personnes ayant seulement 18, ou 19 ans, selon ce qu'elle en jugeait. Loin du 21, en tout cas. Elle poussa donc doucement la porte qui sembla faire cependant un vacarme à ses oreilles. Elle fronça les sourcils en regardant un instant la porte, puis pénétra les lieux, avant de balayer celui-ci du regard pour observer ce qui s'y trouvait, son regard plus ou moins froid habituel. Elle cru distingué le délégué de classe, pas très loin. Elle soupira silencieusement; tant qu'il ne vienne pas lui faire la morale, tout allait... Oui car après tout, selon elle, les délégués, ce sont tous des lèches-bottes qui participent à emmerder les élèves avec le respect des règles! Elle s'approcha vers le comptoir, en observant un peu mieux les bouteilles s'offrant à elle, tout en évitant au mieux possible le regard du jeune homme... Espérant que celui-ci ne comprenne pas autre chose que la réalité, comme qu'elle est timide et qu'il lui plait, et donc, évite de le regarder et tout ce qui vient avec...

[Pardon de ne pas avoir répondu la journée même, comme je t'avais dis xD! Et espérant que ça te vas ^^' J'avais pas trop d'idée sur ce coup o.o'...]

La porte s’ouvrit sur l’une de ses camarades de classe à la surprise du jeune homme. C’était Yukina Itsuminea, vêtu entièrement de noir ; son habituel regard chevauché de condescendances et de mépris balayaient les lieux. L’adolescent, qui avait les plus grandes difficultés à définir leur relation, oscillait entre un geste de la main chaleureux ou un coup d’œil dédaigneux. Quoi qu’il en fût, un soupir se devina sur ses lèvres délicates et ses cheveux blonds se mirent à se trémousser au rythme de ses pas lorsqu’elle s’approcha du comptoir, non loin de Gunther. Malgré leur proximité, les yeux de lapis-lazuli refusaient de croiser les siennes, scrutant résolument les étagères pleines d’alcool. Etait-ce parce qu’il était délégué ? Ou encore éprouvait-elle de l’animosité envers lui ? Sans s’alarmer d’un tel comportement, le jeune lycéen pensait qu’elle faisait cela par principe, cultivant une fierté mal placée. Il l’avait bien observé en classe et il s’était trouvé des points communs avec cette ravissante blonde mais là où il ne la suivait pas c’était dans son approche insociable des autres, vivant en marge presque de la communauté étudiante en dehors de quelques rares personnes. Si on lui avait demandé son avis, le jeune aurait répondu que c’était bien dommage.

-Merci, monsieur. Au revoir.

Sans s’attarder, Gunther s’éloigne du comptoir où le barman le salua d’une main puis saisit le poigné de Yukina au passage. De nature brutale, il avait essayé de ne pas le paraître trop tapageusement et l’entraîna à sa suite dans les toilettes. Connaissant la réputation sulfureuse de la jeune fille, il se mit devant la porte pour l’empêcher de s’enfuir. Tendant l’oreille afin de s’assurer que personne n’était là, il put commencer à la sermonner dans la quiétude la plus totale :

-Tu sèches les cours pour venir prendre de l’alcool en toute illégalité. Saches que ce n’est pas par plaisir que je suis là, j’y suis contraint par l’administration en raison de la fête qui va bientôt avoir lieu, vois tu ?

L’adolescent se lassait de jouer les délégués parfaits et enquiquineurs mais il devait garder une certaine crédibilité vis-à-vis des enseignants et de ses autres camarades. Pour qui passerait-il si elle se mettait à raconter que le délégué nous laisse faire ce qu’on veut, comme acheter de l’alcool. Mais d’un cotés, il se sentait mal à l’aise et lui proposa en contrepartie de quitter instantanément les lieux une des bouteilles qu’il venait d’acquérir.

L’adolescent moralisateur se trouvait confronté à une lycéenne rebelle et agitée. Ses yeux bleus irradiaient une atmosphère glaciale, peu encline à calmer les choses. Une réplique assassine vint cueillir son discours d’où perçaient le mépris et une certaine arrogance. Sans se laisser intimider par la jeune fille caractérielle, il la toisa à son tour d’un regard distant, outrecuidant en détaillant avec un sourcil arqué les mains de son interlocutrice se croisaient et ses yeux roulés dans leur orbite. Elle poursuivit en lui ordonnant de se retirer de l’encadrement de la porte. Un sourire sarcastique se peignit sur le visage du jeune homme alors qu’il ajoutait « Pour que tu retournes au comptoir, non merci. » Il avait dit cela simplement avec une pointe d’amusement dans la voix.

« Tu vas plutôt aller m’attendre gentiment dehors pendant que je récupère ton manteau. Ensuite, je te raccompagnerais sur le chemin du lycée tout au long duquel tu te tiendras tranquille. Sans quoi, je serais dans l’obligation d’ébruiter ton manquement au règlement… Et si tu n’es pas d’accord, on reste ici autant de temps qu’il n’en faut pour que tu changes d’avis »

En gage de sa bonne foi, il extirpa une bouteille d’alcool de son sac et la lui proposa.